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 [BG Joueur] [Armurier] Cauchemards

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Dominska
Renard
Dominska


Messages : 143
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Localisation : Tour du Palais

[BG Joueur] [Armurier] Cauchemards Empty
MessageSujet: [BG Joueur] [Armurier] Cauchemards   [BG Joueur] [Armurier] Cauchemards EmptyDim 17 Jan 2010, 06:28

Textes publiés sous Pepino sur le forum roleplay.

Contexte: Armurier était porté disparu depuis plusieurs semaines. Il était en réalité plongé dans un coma dont il ne se réveillera qu'amnésique. Une pierre lui était tombé sur la tête dans le défilé rocheux menant vers Sonak, où il devait rejoindre un client. Son casque lui sauva la vie mais il resta inconscient jusqu'à ce qu'un vieil ermite le porte jusqu'à sa masure en ruine. Isolé du monde, il ne fut retrouvé que des semaines plus tard grâce aux efforts acharnés (4h de roleplay, si, si) de Dame Shej et de Messire Mu, ses collègues et amis marchands.

L'histoire a été inspirée à la suite de l'event de Chocoman, pendant lequel Armurier arbora une apparence de truie sous la malédiction de la sorcière. sous cette apparence il se fit attaquer un jour par des soldats et des loups affamés. L'attaque était essentiellement HRP mais le texte ci-dessous en résulta: c'étaient les songes cauchemardesques qu'Armurier fit pendant son coma.


[BG Joueur] [Armurier] Cauchemards Armurieravisderecherche


Un spectacle sanglant...

La brume s'était levée. La nuit tirait à sa fin. Une patrouille de deux miliciens faisait sa ronde comme d'habitude. Les rues de Trigorn étaient calmes. Trop calmes...

Où sont les chats? D'habitude ils viennent mendier de la nourriture quand on passe...

Je ne sais pas, ils ne me manquent pas, répondit son collègue un peu taciturne.

Moui...

Ils contournèrent une maison et stoppèrent net. A vingt pas, ils virent un rassemblement de chats qui semblaient s'intéresser à une carcasse informe. Sur leur garde, les miliciens s'approchèrent en silence, s'étant jetés un regard entendu: un démon avait sûrement pris un repas... humain.

Arrivés près des restes du corps, ils chassèrent les chats qui miaulèrent qui de dépit qui de rage. Les plus enhardis hérissèrent leurs poils et arrondirent leur dos et se mirent à souffler bruyamment.

Sssshhhhhhiiii Shhhhiiiiii...

Un coup de pied bien placé calma le plus vindicatif. Les autres décampèrent sans demander leur reste. Aucun repas ne valait de risquer une vie à le défendre.

Pendant que son collègue montait la garde, le milicien inspecta les restes du corps. Il trouva éparpillés les deux jambes et un bras, rongés jusqu'à l'os. Les tripes s'étalaient sur les pavés et la torse était ouvert. Des côtes manquaient. Le corps était rigide. La mort datait de quelques heures et le froid avait accéléré le durcissement des chairs. Du moins, celles qui restaient.

Alors, dit le milicien en garde sur le qui-vive, qui est-ce? Tu as pu l'identifier? C'est un gars de Trigorn?

L'autre ne répondit pas. Il ramassa un insigne et blêmit. Il ne put prononcer un mot et tendit l'insigne à son collègue. Celui-ci le déchiffra et blêmit à son tour. Il se pencha pour inspecter le visage et le corps. Il cherchait à confirmer l'identité présumée de la victime. La taille, la corpulence, la couleur des cheveux,... tout semblait correspondre...

Il souffla à son collègue: Il faut avertir le Palais.
Il acquiesça: Et lui? On fait quoi de ses restes? On ne va pas laisser les chats se repaître de son cadavre?
Non, mais il ne reste plus grand chose... L'homme écoeuré eut un haut-le-coeur. Il s'écarta pour ne pas souiller le lieu du crime.
Je vais chercher de l'aide. Il faut nettoyer ca avant l'aube.
Moui moui vas-y, émit le milicien en accompagnant d'un geste pour signifier qu'il avait compris et monterait la garde. Il se redressa, se frotta la bouche en grimaçant et but une rasade à la petite gourde accrochée à sa ceinture.

Le temps passa lentement. Le bruit d'abord sourd du martèlement des pas des miliciens sur les pavés se fit entendre.

'Enfin...' songea le garde.

Les bruits de pas se rapprochèrent et se firent plus métalliques. Les collègues ne tardèrent pas à contourner le coin de l'auberge. Ils s'affairèrent sans un mot après un bref salut. Aucun n'était d'humeur badine.

Le milicien resté en faction et son collègue prirent congé. Les restes du corps seraient déposés dans un cercueil sommaire en bois de pin, afin de pouvoir être remis à la famille. Les deux hommes se mirent en route pour le palais.

Les messagers

La nuit avait été froide. Même les loups étaient restés silencieux, tapis dans leurs tanières. Des bancs de brumes stagnaient encore dans les combes les plus profondes lorsque les deux miliciens arrivèrent en vue du Palais royal. Le soleil blafard dardaient de ses faibles rayons les tours qui s'étiraient vers le ciel majestueusement. Elles promettaient un peu de repos et de sécurité au voyageur.

Deux gardes étaient en faction devant les portes du Palais Royal. Ils s'étonnèrent de voir arriver deux miliciens de Trigorn. Ils se méfièrent d'une arrivée si matinale et incongrue: il aurait fallu partir de nuit pour arriver si tôt de Trigorn.

Halte!! Qui va là?
Nous sommes de Trigorn et apportons des nouvelles pour le Conseiller Zoy.

Les mines livides et fatiguées exprimèrent plus que les mots. Les gardes comprirent en un clin d'oeil. Encore de mauvaises nouvelles. Un des gardes s'empressa d'aller chercher le général Bardock. L'autre les invita à patienter. Il était tôt. Le portail et le grand hall d'entrée n'étaient pas encore forts animés. Un pas métallique et massif résonna dans un couloir. Une armure d'une taille imposante s'approcha. Les miliciens se tinrent droits et dans leur dos le garde salua. Le général releva son heaume.

Bonjour Messieurs. Bienvenue au Palais. Je suis le général Bardock.
Les deux miliciens saluèrent.
Salutations, Messire Bardock, lancèrent-ils en choeur.
Ne perdons pas de temps en politesses. Vous apportez des nouvelles de Trigorn?
Oui, Général.
La ville est-elle attaquée?
Non, Général.
Pourtant si vous êtes ici, ce n'est pas pour m'annoncer la mort d'un chat vagabond.
Les miliciens acquiescèrent et blêmirent.
Alors? De quoi s'agit-il?
Nous aimerions informer directement le Conseiller Zoy.
Le général haussa un sourcil soupçonneux mais ne discuta pas.
Bien... Je vais vous mener à son bureau. Il vous faudra peut-être patienter le temps qu'il arrive. Peut-être préfèrez-vous d'abord vous reposer et vous restaurer un peu?

Les deux miliciens se regardèrent. La proposition était alléchante après cette marche nocturne mais le coeur n'y était pas.

Si c'est possible nous préférons d'abord informer le Conseiller. Nous mangerons de meilleur appétit une fois notre tâche accomplie. Nous repartirons dès cet après-midi car les effectifs de la ville sont réduits et notre présence est indispensable à Trigorn.

Je comprends. Dans ce cas vous pourrez vous rendre aux cuisines pour déjeuner. Je préviendrai les cuisiniers de votre passage.

Merci Général.

Le général Bardock conduisit les deux miliciens à travers les couloirs du palais. Ils croisèrent quelques gardes qui saluèrent le Général à leur passage. Le Général s'immobilisa soudain devant une porte massive et frappa deux coups sonores. Les miliciens manquèrent le bousculer. Une voix sourde répondit: Entrez!

Le général ouvrit la porte et introduisit les deux hommes. Le Conseiller les dévisagea et fronça les sourcils. Entrez messieurs.

Les miliciens s'avançèrent devant le bureau. Le conseiller était plongé dans l'étude d'un rapport. Lorsqu'il releva la tête, il fut surpris de les voir debouts et penauds devant son bureau. Asseyez-vous. Dites-moi qui vous êtes et parlez. Quelles sont ces nouvelles si importantes?

Les deux miliciens ôtèrent leur casque et s'assirent sur un coin de chaise aussi bien que leur armure le leur permit. Ni l'un ni l'autre n'ouvrit la bouche.

Alors? s'impatienta le Conseiller.

Cette nuit nous étions de patrouille à Trigorn, commença un milicien. La brume s'estompait et...

L'autre enchaîna, sentant poindre l'irritation du Conseiller.

... un homme a été agressé. Nous avons retrouvé son cadavre en lambeaux...

Ce n'est pas nouveau. Vous n'avez pas fait tout ce chemin pour...

Le conseiller suspendit sa phrase et pâlit. Il venait de réaliser que l'individu ne pouvait que le concerner.

Qui? parvint-il à souffler dans un râle.

Le milicien tenta d'esquiver une réponse trop directe.

... ce n'était pas beau à voir. Ce doit être un démon affâmé qui a fait le coup...

Qui était-ce? intima le conseiller en faisant crisser ses ongles sur le parchemin devant lui.

Nous l'avons reconnu formellement... Son visage... Malgré son état...

L'autre milicien sortit un objet d'une bourse de cuir et le tendit au conseiller. Il ajouta: Nous avons aussi trouvé ceci sur le cadavre...

Le conseiller s'empara de l'objet. C'était un insigne de l'armée. Un soldat était donc mort. Il déchiffra le nom. Le teint du Conseiller devint cadavérique.

C'en était trop... 'Les démons ne pouvaient-ils donc pas emporter quelqu'un d'autre? Pourquoi lui? Pourquoi cet homme que j'ai accepté comme un fils? Pourquoi?'

Le Conseiller inspira longuement. Il manqua défaillir en songeant qu'il faudrait l'annoncer à sa famille aussi. 'Comment pourrai-je... ?' Ses lèvres bleuirent et tremblèrent. Les miliciens devinrent inquiets et nerveux. Ils ne voulaient pas que le conseiller fasse un malaise. Le conseiller fit signe aux hommes de le laisser. Avant qu'ils ne quittent son bureau, il eut un sursaut, se leva et leur ordonna.

Laissez vos indentités au Général Bardock. Je veux un rapport avec un récit complet!

Bien Monseigneur hasarda un milicien.
L'autre hocha la tête, affecté par la douleur du conseiller.

Les deux hommes quittèrent le bureau et se rendirent vers les cuisines pour se restaurer un peu. Le conseiller se laissa retomber sur son fauteuil et enfuit son visage dans ses deux mains. Lorsqu'il releva la tête, ses yeux étaient rougis et ses paumes humides. Un filet de morve -ou était-ce de bave?- restait accroché à son menton. Son regard se durcit et ses lèvres se pincèrent.

Il faut que je l'avertisse moi-même! Je dois aller à Trigorn! dit-il pour se conforter dans cette idée.

Le conseiller se leva, se débarbouilla rapidement et ordonna à un soldat de préparer trois chevaux. Il ordonna ensuite à un autre soldat de prévenir les deux messagers de Trigorn: il les accompagnerait à Trigorn.


Tristes vêpres...

Le général Bardock n'insista pas. Il savait que Zoy était un homme déterminé et le faire changer d'avis une fois sa décision prise relevait de la gageure. Zoy voulait se rendre à Trigorn et il avait décidé qu'être accompagné de deux miliciens était largement suffisant. Le général avait bien tenté de leur joindre deux soldats en prétextant que Zoy serait seul pour le retour mais il avait refusé. Il ignorait quand il reviendrait au palais et trouverait bien une escorte sur place. Zoy savait que les soldats en permission se rendait souvent à Trigorn et il ne doutait pas de trouver au moins deux soldats pour son retour.

Les chevaux étaient prêts. L'étalon de Zoy était majestueux. Sa robe couleur rouille parfaitement lustrée évoquait l'automne. La selle et la bride étaient fabriquées dans le meilleur cuir; le mors et les étriers étaient en argent massif, avec des iridescences rappelant l'art des forges naines. Les deux autres chevaux apprêtés étaient plus communément équipés, mais les coursiers royaux étaient de magnifiques bêtes. Les miliciens de Trigorn s'extasièrent et ne cachèrent pas leur joie d'escorter le Conseiller.

Voici vos montures, dit un palefrenier.

Le milicien s'approcha de la jument et caressa l'encolure.

Bonjour ma belle, j'ai l'honneur d'être ton cavalier.
Pour sûr, ce sont de magnifiques bêtes. Je n'ai jamais monté d'aussi beaux chevaux.
Quelle vaine!! Nous serons rentrés à Trigorn bien avant le coucher du soleil et nous pourrons dormir un peu avant de reprendre nos patrouilles.
Oui, et quel honneur que d'escorter le Conseiller!!

Le palefrenier ricana un peu et s'éloigna. Les miliciens se regardèrent. Ce ricanement insolent leur semblait incongru.

Ah vous êtes prêt, c'est parfait, lança une voix douce et autoritaire à la fois. Zoy pénétra dans la cour et se dirigea vers son étalon. Dans ce cas nous partons sur le champ, Messieurs.

Les miliciens se raidirent et saluèrent Zoy qui monta en selle. Allons ne perdons pas de temps. Les miliciens se hâtèrent de monter leur jument et entourèrent le Conseiller pour former son escorte. En route!

La route vers Trigorn se déroula sans encombre. Les miliciens purent lui faire un récit détaillé des événements. Les miliciens n'évitaient pas le rapport écrit obligatoire mais le Conseiller gagna ainsi un temps précieux. Ils ne rencontrèrent que quelques charettes de marchand et des voyageurs à pied. Lorsqu'ils reconnaissaient le Conseiller, ils le saluaient avec enthousiasme. Seuls quelques uns se renfrognèrent sous leur capuchon. Tout ceci était nouveau pour les miliciens. Ils côtoyaient le pouvoir pour la première fois et s'en trouvèrent flattés. Les coursiers étaient rapides et le soleil avait à peine bougé dans le ciel lorsqu'ils aperçurent les remparts de la ville antriane. Les toits de céramique bleue reflétait les rayons du soleil. Ils passèrent rapidement les portes de la ville et se dirigèrent vers la caserne où ils laissèrent leur monture aux bons soins des palefreniers.

Prenez-en bien soin. Ne les nourrissez pas trop car je peux les faire seller à tout moment pour retourner au palais.
Bien, m'sieur, répliqua un lad.
On dit Monseigneur au Conseiller Zoy, rétorqua son supérieur en lui administrant une claque dans la nuque.
Veuillez lui pardonner cette irrévérence, Monseigneur. Il est jeune et ne connait pas les usages.
Le Conseiller observa le visage grimaçant du lad. C'était un beau jeune homme de basse condition, fraîchement sorti des classes à sa majorité de 16 ans, présuma-t-il.
Le Conseiller lui fit son meilleur sourire: Ce n'est pas grave, comment t'appelles-tu?
Gilbert, M'sieur... heu... Monseigneur. Une seconde claque dans la nuque, qu'il ne put éviter, vint sanctionner son étourderie.
Aieuh..., rouspéta-t-il.
Gilbert, tu prendras bien soin de mon étalon, n'est-ce pas? Je peux compter sur toi pour qu'il soit frais lorsque je retournerai au palais?
Le jeune homme, fier de la confiance que lui témoignait le conseiller, se redressa, bomba le torse et lui fit un sourire éclatant en asquiescant. Il prit une mine sérieuse et déclara:
Oui, Monseigneur, je m'occuperai de lui personnellement.
A la bonne heure, me voilà rassuré.

Si des affaires plus graves et plus urgentes ne l'avaient pas attendu, le Conseiller se serait bien volontiers attardé à l'écurie. Mais ce qui l'amenait à Trigorn ne pouvait attendre. Il prit congé des miliciens qui se dirigèrent vers leur dortoir puis traversa la ville sans hésitation. Il arriva devant une maison bourgeoise et se planta devant la porte. Il s'apprêta à frapper mais son poignet resta suspendu. Il se décida. La porte s'ouvrit rapidement et une charmante jeune femme se jeta à son cou.

Papounet!!! Tu es venu rendre visite à ton petit-fils? Comme je t'aime mon papounet!

Zoy était embarassé. Il sourit tristement et embrassa sa fille. Il l'entraîna ensuite à l'intérieur et referma la porte. Sa fille s'aperçut de son affliction et s'en inquiéta.

Mon papounet? Que se passe-t-il? Tu as l'air si triste.
Assieds-toi, mon Tresor.
Papa! Qu'y a-t-il, enfin? Le roi ne va pas mieux? C'est cela qui te tracasse.
Non, ma chérie, non. Le roi se rétablit lentement mais les médecins assurent que sa vie n'est plus menacée.
Alors? Raconte, je n'aime pas voir cette grosse ride sur ton front. Ca signifie que tu as des soucis.

Zoy sourit. Sa fille le connaissait décidément bien, malgré qu'ils ne se soient retrouvés qu'il y a quatre ans. Tresor vint s'asseoir sur les genoux de son père. D'une certaine façon, cela rassura Zoy et lui facilita la tâche. Il la prit par la taille et approcha son visage du sien.

Je ne peux rien te cacher, ma fille chérie. J'ai un gros soucis mais surtout un immense chagrin. Il fit une pause et Tresor l'interrogea du regard. Deux miliciens de Trigorn sont arrivés au Palais ce matin pour m'informer d'une terrible nouvelle. Un démon a agressé un homme cette nuit. Lorsque les miliciens sont arrivés, le corps était déjà froid.

Mon papounet, tu t'inquiètes trop. Ces choses-là arrivent tout le temps, surtout que les effectifs de la milice sont réduits en ce moment.

Oui... mais ce n'était pas n'importe qui, ma chérie. Cet homme, c'était un être qui nous est cher à tous les deux. C'était Armurier.

Les lèvres de Tresor tremblèrent mais aucun son ne parvint à en sortir. Des larmes ne tardèrent pas à couler sur ses joues. Zoy aussi pleurait. Il serra sa fille contre lui et posa sa tête sur son épaule. Il comprenait sa douleur d'autant mieux qu'il avait perdu sa femme précocement.

Pleure, ma chérie, pleure, ne retiens pas tes larmes. Je t'aime. Je serai toujours là.

Zoy la consola comme il put avec des mots tendres. Les mots que seul un père pouvait trouver pour mettre un peu de baume sur la plaie vive de son coeur. De gros sanglots secouait à présent la jeune femme et elle sentit la colère monter en elle. Elle frappa du poing contre l'épaule droite de Zoy. Elle releva la tête et hurla son désespoir.

Salaud! Salaud! Tu es le conseiller du roi et tu diriges l'armée. Tu ne fais rien contre ces démons! Tu les laisses se repaître de nos maris et de nos enfants!

Elle frappait à présent de ses deux poings le torse de son père qui malgré la douleur ne broncha pas. Sentir les coups de sa fille lui procurait une douleur physique qui le distrayait de sa douleur de coeur. Si ces coups pouvaient apaiser un peu la douleur de sa fille, il aurait accepté d'en encaisser jusqu'à l'inanition.

Tresor battait la mesure à présent le frappant de ses deux poings simultanément et l'invectivant des pires insultes qu'elle parvenait à formuler. Un charretier eut applaudit sa performance. Elle laissa sa rage et son chagrin se déverser. Puis, épuisée, elle s'écroula contre son père et pleura encore. Dans la chambre, un bébé se mit à crier. Zoy caressa ses épaules et posa ses lèvres sur ses cheveux. Mon bébé dit-il tendrement. Ni l'un ni l'autre n'aurait pu dire combien de temps ils restèrent ainsi. La porte s'ouvrit soudain. Un jeune garçon de 14 ans à la tignasse vert pomme et hirsute entra, chargé d'une lourde besace remplie d'équipements divers qui s'entrechoquaient bruyamment. Il déposa son sac et lorsqu'il vit Zoy son visage s'épanouit.

Zoy!! Chouette!! Tu as vu papa? Je ne l'ai pas croisé aujourd'hui.

Tresor releva le tête et ravala ses sanglots. Elle se pinca les lèvres puis répondit.

Non, Junior, papa n'a pas vu ton père aujourd'hui.

Elle regarda son père tristement. Il hocha la tête pour l'encourager.

Ton papa... Il a été attaqué par un démon cette nuit...
Quoi? Un démon? Il est blessé? Il est à l'infirmerie. s'enquit-il sur le champ.
Non mon chéri, Vanilius l'a conduit sur l'autre rive. Il a rejoint ta maman.
Tresor baissa son regard à ses pieds. Le visage de Junior se décomposa. Il se détourna et frappa le mur de ses petits poids. Lui aussi semblait, songea Zoy, trouver du réconfort dans cette douleur physique. Il se retenait de pleurer mais des sanglots hachaient sa respiration. Soudain il s'enfuit dans sa chambre en claquant la porte. Tresor voulut le suivre mais Zoy la retint.

Tu le consoleras plus tard, mon chaton, quand il reviendra. Il aura besoin de toi... Il est orphelin à présent.

Tresor fixa son père avec angoisse. Elle n'avait pas 20 ans et voilà qu'elle se retrouvait mère d'un bébé d'à peine onze mois et responsable d'un adolescent qui aurait pu être son frère. En épousant Armurier, elle avait accepté de devenir la mère de Junior, malgré leur faible différence d'âge. Mais elle n'avait jamais envisagé de devenir veuve si tôt, avec Junior à sa charge. Son expression devint triste et sérieuse.

Mon papounet... que vais-je devenir sans mon armurier? ...

Zoy lui prit les mains et les serra, frottant ses pouces doucement sur sa peau.

Je suis là, ma chérie, ne t'inquiète pas. Junior est un grand garçon déjà et dans deux ans il sera majeur. Il connait le métier et je ne doute pas qu'il voudra reprendre le flambeau de son père.

Tresor hocha la tête. C'étaient là des paroles sensées. Junior admirait son père et aimait son métier de marchand et d'armurier. Il serait fier de suivre les traces de son père. Son caractère un peu rebelle s'estomperait. Après tout, ce n'était qu'un adolescent et il revendiquait sa liberté, sans plus.

Tresor se leva et prépara du chocolat chaud. Elle sortit une boîte métallique remplie de biscuits sablés aux fruits confits qu'elle ouvrit et posa sur la table. Elle apporta des tasses, et versa du chocolat. L'odeur de chocolat attira Junior. Il avait les yeux rouges et frotta son nez sur sa manche. Tresor n'eut pas le coeur de le réprimander. Il s'assit à la droite de Zoy et prit sa tasse entre ses mains. Il souffla doucement sur le lait chocolaté jusqu'à ce qu'une fine pellicule se forme. Il but alors une gorgée. Tresor vint s'asseoir à ses cotés. Elle posa sa main sur son épaule et serra un peu.

Des rayons de soleil couchant pénétrèrent par la fenêtre occidentale. Le jour se mourait. Il resterait gravé dans leur mémoire à jamais.

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